Incontinence urinaire chez la femme

Qu’est-ce que c’est?

 

A l’état normal, on urine environ 4 à 5 fois par jour et 1 fois éventuellement au cours de la nuit. La capacité de la vessie est de 300 à 400 ml en moyenne, et le temps pour évacuer cette urine est d’environ 30 secondes maximum.
La miction doit être indolore et volontaire.

A l’état d’incontinence : on dit qu’une personne souffre d’incontinence urinaire lorsqu’elle ne peut plus contrôler son aptitude à uriner et qu’il existe une perte involontaire d’urine. Il est aussi anormal d’uriner plus de 5 fois par jour et plus d’une fois par nuit.

Contrairement ce que la plupart des personnes pensent l’incontinence urinaire ne fait pas partie du processus normal de vieillissement.

On estime que 3,5 millions de personnes en France souffrent d’une incontinence.
– 10 à 15 % de la population des enfants de plus de 5 ans (garçon ++)
– 10 % des adultes (pratiquement que des femmes)
– 15 à 20 % des personnes âgées (femmes autant que les hommes)

De par ses désagréments, l’incontinence amène les patients à éviter les sorties entre amis ou en famille. Cela peut conduire à l’isolement et à la dépression.
Des études montrent que 70 % des femmes ayant des troubles mictionnels n’ont jamais parle de leurs problèmes à leur médecin traitant. L’incontinence gêne socialement, psychologiquement, professionnellement, elle mérite d’être prise en charge
Dans de nombreux cas, l’incontinence urinaire peut être guérie ou tout au moins réduite de façon importante.

Que faire ?

 

Dès les premières fuites urinaires il faut consulter vote médecin.
Le bilan effectué et les examens complémentaires permettront de distinguer la ou les causes, et de proposer un traitement adapté (médicaments, chirurgie, rééducation, conseils avisés..).

Voici quelques conseils : 

Ce qu’il ne faut pas faire :

– Le « stop pipi » (bloquer le jet d’urine lors de la miction par la contraction périnéale) est fortement déconseillé car il entraîne un dérèglement de l’appareil urinaire
– Si vous venez d’accoucher : le fait d’allaiter vous permettra de perdre le poids pris pendant la grossesse plus facilement, de plus les contractions occasionnées par l’allaitement vont participer à réduire la taille de l’utérus et donc de à retrouver votre taille d’avant.
– Ne pas pousser en urinant aux toilettes, sinon vous augmentez la pression sur le périnée, et vous l’affaiblissez.
– Eviter les épisodes de constipation avec une alimentation riche en fibres
– Évitez de porter des charges lourdes, de courir, ou faire du sport générant des pressions abdominales temps que la rééducation périnéale n’est pas terminée
– Le surpoids aussi créé de fortes pressions pouvant affaiblir le périnée
– Eviter les aliments qui aggravent l’incontinence : thé, café, boissons gazeuses, aspartame, aliments acides ( agrumes et les tomates) , épices ( irritent la vessie)
– Boire moins n’empêche pas l’incontinence mais facilite la prolifération bactérienne source d’infections, et les infections entrainent des douleurs à la miction et favorisent au final les troubles de la miction
– Ne pas fumer (pour empêcher des épisodes de toux néfastes pour le périnée)

Ce qu’il faut faire
-Lorsque vous urinez, il faut faire en sorte de vider complètement sa vessie, si besoin faites une poussée supplémentaire à la fin pour évacuer l’urine restante.
– Contrôler votre poids
– Si vous venez d’avoir un enfant : laisser le temps à l’organisme de se remettre de l’effort énorme que constitue l’accouchement : se reposer !!
– Verrouillage à l’effort : lorsque vous vous levez, toussez ou portez une charge lourde, pensez à serrer d’abord le périnée pour éviter une éventuelle fuite urinaire
– Si vous avez une incontinence nocturne : éliminer la tisane du soir et répartir les apports hydrique sur la journée entre le matin et 2/3h avant le coucher.
– Effectuer les exercices pour le périnée et les abdominaux au moins 15 minutes par jour, courage !
– Après l’accouchement : vous pouvez masser votre périnée avec une crème/huile adaptée, surtout si vous avez eu une épisiotomie ou si vous avez des douleurs aux rapports.
-Pour éviter des fuites de quelques gouttes post mictionnelles, lors de la miction, faites bien descendre votre sous vêtement jusqu’aux chevilles pour avoir les genoux bien écartés et ainsi éviter de retenir malgres vous quelques gouttes d’urine dans l’urètre ou le vagin
– Les protections ne sont à utiliser que en dernier recourt car elle vont vous faire devenir dépendante d’elles au lieu de rechercher un traitement adapté

 

Savoir, comprendre les différents types d’incontinence

 

On distingue 4 grands différents types d’incontinence en fonction des différents symptômes.

–l’incontinence urinaire à l’effort :

Deux types de mécanismes peuvent en être responsables, la cervico-cystoptose/hypermobilité urétrale résultant d’une perte de tonus des tissus de soutien de l’urètre proximal ou tout simplement par insuffisance sphinctérienne.

Pour la reconnaitre : Elle survient toujours pendant l’effort : changement de position, toux, rire, port de charges lourdes… Elle ne se produit jamais au repos, jamais la nuit. Les fuites sont des jets puissants mais peu abondants, et ne sont pas précédées de sensation de besoin. Elles sont une excellente indication pour la rééducation périnéale.

–l’instabilité vésicale :

C’est le detrusor (muscle de la vessie) qui se contracte de manière anarchique.

Pour la reconnaitre: les fuites urinaires sont associées à un besoin rapide (impériosités) et souvent irrépressible d’uriner, sans que la vessie soit nécessairement remplie. Le réflexe de la miction est enclenché trop tôt et peut être favorisé par certaines situations (par exemple, entendre l’eau couler, une frayeur…). Les patientes vont plus de 7 fois par jour uriner, et plus d’1 fois la nuit.
Au stade précoce, les fuites sont inexistantes puis inconstantes puis deviennent constantes au fur et a mesure que le périnée s’affaiblit.
La fuite est en général plus abondante que lors d’une fuite à l’effort. Elle peut aller jusqu’à la miction complète (miction = le fait d’uriner). Elle peut survenir au repos la nuit et en dehors de tout effort. (Si l’effort déclenche la fuite, elle sera différé de plusieurs secondes) Les fuites sont toujours précédées d’un besoin.

–l’incontinence urinaire mixte : elle combine les deux incontinences précédentes

– l’incontinence par regorgement :

Le plus souvent, l’incontinence par regorgement est en rapport avec un obstacle à l’écoulement de l’urine. Cet obstacle empêche la vessie de se vider complètement. Lorsque le volume d’urine dépasse les capacités de stockage de la vessie, l’urine déborde et s’écoule dans l’urètre.

Pour la reconnaitre : il existe des envies fréquentes d’uriner. Les fuites sont caractérisées par le goutte à goutte permanent. Mais il peut aussi avoir de faibles mictions suivies de quelques gouttes retardataires.

  Quelles sont les causes principales de l’incontinence urinaire ?

 

Elle est favorisée par les grossesses, le vieillissement, le surpoids, les changements hormonaux, la constipation ou la toux chronique, une mauvaise hygiène alimentaire, certains médicaments, une activité physique trop intense (contraction des abdominaux +++), une maladie physique ou psychique. On retrouve aussi dans les causes les cystites, les séquelles de radiothérapie, les maladies neurologiques, diabète etc.
Il existe donc un nombre important de causes, cette liste n’est bien sur pas exhaustive. Il s’agira de trouver avec votre thérapeute les causes de votre incontinence.

Tableau issu du site suivant que je vous invite à consulter : http://urofrance.org/congres-et-formations/formation-initiale/referentiel-du-college/incontinence-urinaire.html#c2541

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Quelles sont les traitements de l’incontinence ?

 

Les différents traitements sont la médicamentation, la rééducation, l’entraînement comportemental, la chirurgie. Ce sont là où les causes de l’incontinence qui détermineront le traitement. Il est à savoir que l’incontinence peut être traitée avec succès chez la plupart des patients.

 

 Quels sont les techniques utilisées en rééducation ?

 

Voici les différentes techniques que j’utilise au cabinet :

L’information et la prise de conscience : une patiente au courant, qui comprends ce qui lui arrive et pourquoi la rééducation est importante guérira beaucoup plus facilement

Le verrouillage périnéal à l’effort : il s’agit de vous apprendre à contracter suffisamment fort et rapidement et éventuellement longtemps les muscles du périnée pendant un effort. Contrairement au tonus de base permanent qui est passif, le verrouillage est un phénomène actif. Il s’agit d’un point important qui conditionne la réussite de la rééducation.

L’électrostimulation endovaginale : il s’agit d’un courant électrique faible, et indolore qui est envoyé dans le périnée via une sonde placée dans le vagin. Les impulsions électriques sont ressenties comme des « chatouillis » plus ou moins forts. Elles permettent de vous aider à contracter toutes les fibres musculaires de votre périnée et donc de le renforcer. En général je les associe à une contraction volontaire de votre part.

Le biofeedback endovaginal : la aussi c’est une technique qui nécessite la mise d’une sonde intra-vaginale. Un capteur permet de visualiser les contractions volontaires sur un écran. Ainsi il sera très simple pour vous d’adapter la force et la longueur de contraction en fonction des exercices demandes. L’écran vous indiquera aussi si il existe des contractions parasites des autres muscles comme les abdominaux ou les adducteurs.

Les techniques manuelles vaginales : elles consistent à introduire un ou deux doigts dans le vagin. Je vous demande ensuite de contracter le périnée de différentes façons pour renforcer toutes les fibres musculaires. On utilise le plus souvent des images, par exemple on imagine que le périnée est une grotte et qu’il faut resserrer les murs, abaisser/monter le plafond etc.. C’est une méthode assez intrusive qui ne plaît pas à toutes les femmes mais qui est efficace.

Les exercices : je donne des exercices simples à réaliser à la maison quotidiennement (une quinzaine de minutes environ). Le travail personnel est au moins aussi important que le travail effectué en séance de kinésithérapie.

L’entraînement comportemental : tres utile dans le cadre de l’instabilité vésicale, il permettra de vous apprendre à mieux gérer au quotidien le trouble de l’incontinence, et naturellement de le traiter.Pour cela on utilise un calendrier mictionnel :calendrier mictionnel

Les stimulations du nerf tibial postérieur : elle permettent lorsque la voie vaginale n’est pas possible de traiter l’instabilité vésicale, les douleurs périnéales, et l’incontinence anale. Il s’agit de stimuler le nerf au niveau de la face interne du pieds et de la jambe

Résultats de la rééducation périnéale

 

Tout d’abord, il faut savoir que l’évaluation des techniques de rééducation périnéales rencontre des difficultés importantes par rapport l’hétérogénéité des populations, des protocoles, et des méthodologies.
Cependant on peut affirmer que le travail manuel intravaginal s’impose pour la bonne compréhension de la contraction du plancher pelvien par la patiente. Les études nous permettent de savoir que ce sont les thérapies combinées qui obtiennent le meilleur des résultats par rapport à l’utilisation d’une seule technique donnée.

Les études font état de 70  % de guérison après 10 à 20 séances. Les guérisons totales représentent 35 % des cas, les autres étant améliorées c’est à dire que la fuite urinaire est exceptionnelle et n’entraîne plus de gêne sociale.
Les résultats obtenus avec la rééducation se maintiennent relativement bien durant les deux années suivant la rééducation. On note une récidive de 5 à 11 % pendant ces deux années selon les différentes études. La troisième année compte 30 % de récidives.
L’ensemble des auteurs des études s’accordent à dire que l’auto entretien, et l’assiduité du travail personnel sont déterminants dans le maintien des résultats à long terme. Malheureusement on note que seulement 15 à 25 % des femmes réalisent effectivement les programmes préconisés à domicile.
Chirurgie vs rééducation : les études montrent que les résultats objectifs et subjectifs de la chirurgie sont supérieur à la rééducation. Néanmoins les résultats montrent que les femmes ayant suivi une rééducation ont un grand pourcentage de chance de ne pas se faire opérer (femmes pour qui l’indications d’une opération a été posée) Les pourcentages varient selon les études de 29 % À 75 %. On note que plus le protocole rééducatif est long plus ce pourcentage est élevé.